La Base
15/12/2023

Témoignage de Schainez : Résilience

Etudiante, enfant prise en charge par l’ASE à mes 16 ans, je souhaite apporter un témoignage. Consciente que mon parcours de vie n’est pas représentatif de la multiplicité des trajectoires de vie au sein de l’ASE, je tiens néanmoins à faire porter ma voix comme une sorte de retour sur expérience.

Ce témoignage c’est donc une volonté de dire ce qui dans mon cas a été bénéfique ou désavantageux, avec peut-être l’occasion que cela trouve un écho avec ce que les autres, comme moi, ont vécu.

Le sujet de la protection de l’enfance est un sujet complexe, j’opte donc au lieu de foncer tête baissée, d’y porter un regard large. La vie en foyer se structure autour d’un vide, autour de la question de l’abandon, et parfois autant les enfants que les travailleurs sociaux se sentent abandonnés. Mais là n’est pas le problème, puisqu’une question nous semble être posée aujourd’hui, à savoir comment diminuer la situation de souffrance du placement pour les futurs jeunes passant par l’ASE ?

On se retrouve donc face à un problème structurel, demandant des solutions au cas par cas.

Pour ma part, je pense que les besoins de l’enfant doivent toujours être mis au centre et qu’à ceux-là doit proposée une écoute bienveillante.

S’il y a des foyers où tout se passe bien, il y en a d’autres où la prise en charge fragilise les jeunes déjà en situation de fragilité. Pour ceux-là, notre énergie doit être mise à leur service et il n’est d’aucune utilité de simplement pointer les aspects positifs de l’ASE, il faut pouvoir que ces mesures s’appliquent à eux aussi.

Pour moi, il y a une énorme charge qui incombe aux départements c’est de se saisir de cette urgence et de tourner leur regard sur les foyers qui auraient besoins de moyens pour réaménager leurs locaux. Le niveau de qualité de la prise en charge passe, selon moi, tout d’abord par la qualité de l’hébergement. Des inégalités territoriales subsistent et c’est bien évidemment dans ces foyers que les problèmes d’insécurité et de délinquance sont les plus présents. Il faut donc choisir de quelles manières on répond à ces problématiques, est-ce que l’on continue à stigmatiser ces enfants ou alors améliore-t-on leurs conditions d’accueil ?

Selon moi, cette question de la qualité de vie dans ces foyers a tout à voir avec la place que l’on donne aux enfants et aux travailleurs sociaux qui partagent ce lieu de vie.

Être séparé de ses parents est toujours vécu comme une punition, mais le placement a quelque chose de bénéfique et le temps pour en prendre conscience est long. Parfois le placement est la dernière solution pour préserver la santé et l’intégrité des enfants. En prendre conscience en tant qu’adolescents placés, c’est s’engager dans la voie de la résilience et prendre du recul sur sa situation familiale. Finalement, le placement est toujours une solution tant qu’il permet une mise en réflexion de cette situation entre l’enfant/l’adolescent et ses parents.

Schainez